mercredi 27 juin 2012

Salo ou les 120 journées de Sodome (Salò o le 120 giornate di Sodoma)



Réalisation : Pier Paolo Pasolini
Scénario :Pier Paolo Pasolini, Sergio Citti
Avec : Paolo Bonacelli, Giorgio Cataldi, Umberto Paolo Quintavalle
Durée : 1h56mn
Année : 1975

L'histoire : 
Durant la République fasciste de Salo, quatre seigneurs élaborent un règlement pervers auquel ils vont se conformer. Ils sélectionnent huit représentants des deux sexes qui deviendront les victimes de leurs pratiques les plus dégradantes. Tous s'enferment alors dans une villa près de Marzabotto afin d'y passer 120 journées en respectant les règles de leur code terrifiant.


Il est difficile d’écrire sur Salo. Malgré l’âge du film, il dérange toujours autant (le mot "choc" n’est pas galvaudé ici). C’est une œuvre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains car difficile à aborder. Je n’ai personnellement pas lu l’œuvre de Sade, donc je n’entrerai pas dans une analyse de l’adaptation. Je me contenterai d’un avis de néophyte sur ce sujet.
La structure narrative reprend les 3 grandes parties du roman (d’après ce que j’ai pu en lire) : le cercle des passions, le cercle de la merde et le cercle du sang. Pasolini a ajouté à cela un enchaînement vertical basé sur l’Enfer de Dante (autre œuvre que je n’ai pas lu, mea culpa…). L’horreur et le dégoût vont crescendo dans le film, même si le cercle de la merde est en général la partie qui marque le plus le spectateur.

Les actes ne sont pas forcément les parties les plus terrifiantes (mais quand même…). Les scènes de « narration » où les maquerelles content leurs expériences sont d’autant plus écœurantes qu’elles utilisent un ton jovial accompagné d’une musique douce au piano. Le fait de contrebalancer les propos de cette manière les met, de mon avis, encore plus en valeur.

Malgré une petite lueur d’espoir qui apparaît lors d’une brève scène (le poing levé), le film ne laisse aucune échappatoire. Dès le début du film, les tortionnaires font bien comprendre que c’est ici que tout se termine. Nous sommes en enfer et personne ne sera là pour nous sauver. Une excellente démonstration de ce qu’ont pu ressentir les victimes du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.

Au-delà de ça, on peut voir également dans cette œuvre une dénonciation de ce qu’est capable l’homme lorsqu’il se laisse prendre au jeu du pouvoir. Les maîtres ici abusent de leurs « esclaves » et agissent sur eux comme s’ils jouaient avec des marionnettes, avec pour seule limite leur imagination (qui est malheureusement trop grande…). Pasolini aurait même tendance à généraliser son discours à toute forme de pouvoir, ce qui peut paraître exagéré (je vous laisserez vous faire votre propre avis sur la question).

Côté réalisation, pas grand-chose à redire. Évidemment, nous sommes en présence d’un maître qui dirige son film avec brio. Les plans sont filmés comme des tableaux (une marque de Pasolini, je trouve), les acteurs principaux sont excellents (horribles, donc parfaits pour leur rôle) et la musique très bien choisie.

Au final, je ne dirai pas que j’aime le film (il m’a quand même laissé un poids sur l’estomac), mais je pense qu’il est très intéressant à découvrir pour ceux qui ont le courage...





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