samedi 30 juin 2012

Monsters



Réalisation : Gareth Edwards
Scénario :  Gareth Edwards
Avec : Scoot McNairy, Whitney Able, Mario Zuniga Benavides
Durée : 1h34mn
Année : 2010

L'histoire :
Une sonde de la NASA s’écrase dans la jungle mexicaine, libérant sur terre des particules d’une forme de vie extra-terrestre. Six ans plus tard, le Mexique et le Costa-Rica sont devenus des zones de guerre désertées par les populations locales, mises en quarantaine et peuplées de créatures monstrueuses. Un photographe est chargé d’escorter une jeune femme à travers cette zone dévastée. Seuls sur la route, ils vont tenter de rejoindre la frontière américaine...


Ces derniers temps, le film d’aliens a subi un renouveau en explorant des chemins scénaristiques différents de la classique invasion du style Independance Day (soit, il est vrai que je ne site pas le meilleur…). Tout d’abord, District 9, dont je vanterai peut-être les mérites dans un futur article, a ouvert la voie avec son apartheid du 3ème type.

Aujourd’hui nous arrive une production indépendante qui joue admirablement avec les codes du reportage de guerre. L’idée ici est de représenter l’invasion extra-terrestre sous la forme du road movie / reportage de guerre (Salvador, The Killing Fields, Boat People, …). Lors de cette traversée du pays, nous observons la (sur)vie des habitants face aux conflits armée/créatures, l’exode des populations qui essaient de fuir la misère et la souffrance, …

Le fait que le film soit entièrement tourné caméra à l’épaule renforce ce sentiment de cinéma-vérité. L’histoire se base sur des personnages très simples incarnés par des acteurs inconnus (volontaire ou question de budget, peu importe, ils n’en sont que plus crédibles). Elle est axée avant tout sur le drame humain et c’est ça qui fait l’originalité et la force du film.

Ce premier film est une vraie réussite et je garderai le nom de Gareth Edwards en tête pour voir si nous avons là un nouveau réalisateur à suivre.





mercredi 27 juin 2012

Salo ou les 120 journées de Sodome (Salò o le 120 giornate di Sodoma)



Réalisation : Pier Paolo Pasolini
Scénario :Pier Paolo Pasolini, Sergio Citti
Avec : Paolo Bonacelli, Giorgio Cataldi, Umberto Paolo Quintavalle
Durée : 1h56mn
Année : 1975

L'histoire : 
Durant la République fasciste de Salo, quatre seigneurs élaborent un règlement pervers auquel ils vont se conformer. Ils sélectionnent huit représentants des deux sexes qui deviendront les victimes de leurs pratiques les plus dégradantes. Tous s'enferment alors dans une villa près de Marzabotto afin d'y passer 120 journées en respectant les règles de leur code terrifiant.


Il est difficile d’écrire sur Salo. Malgré l’âge du film, il dérange toujours autant (le mot "choc" n’est pas galvaudé ici). C’est une œuvre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains car difficile à aborder. Je n’ai personnellement pas lu l’œuvre de Sade, donc je n’entrerai pas dans une analyse de l’adaptation. Je me contenterai d’un avis de néophyte sur ce sujet.
La structure narrative reprend les 3 grandes parties du roman (d’après ce que j’ai pu en lire) : le cercle des passions, le cercle de la merde et le cercle du sang. Pasolini a ajouté à cela un enchaînement vertical basé sur l’Enfer de Dante (autre œuvre que je n’ai pas lu, mea culpa…). L’horreur et le dégoût vont crescendo dans le film, même si le cercle de la merde est en général la partie qui marque le plus le spectateur.

Les actes ne sont pas forcément les parties les plus terrifiantes (mais quand même…). Les scènes de « narration » où les maquerelles content leurs expériences sont d’autant plus écœurantes qu’elles utilisent un ton jovial accompagné d’une musique douce au piano. Le fait de contrebalancer les propos de cette manière les met, de mon avis, encore plus en valeur.

Malgré une petite lueur d’espoir qui apparaît lors d’une brève scène (le poing levé), le film ne laisse aucune échappatoire. Dès le début du film, les tortionnaires font bien comprendre que c’est ici que tout se termine. Nous sommes en enfer et personne ne sera là pour nous sauver. Une excellente démonstration de ce qu’ont pu ressentir les victimes du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.

Au-delà de ça, on peut voir également dans cette œuvre une dénonciation de ce qu’est capable l’homme lorsqu’il se laisse prendre au jeu du pouvoir. Les maîtres ici abusent de leurs « esclaves » et agissent sur eux comme s’ils jouaient avec des marionnettes, avec pour seule limite leur imagination (qui est malheureusement trop grande…). Pasolini aurait même tendance à généraliser son discours à toute forme de pouvoir, ce qui peut paraître exagéré (je vous laisserez vous faire votre propre avis sur la question).

Côté réalisation, pas grand-chose à redire. Évidemment, nous sommes en présence d’un maître qui dirige son film avec brio. Les plans sont filmés comme des tableaux (une marque de Pasolini, je trouve), les acteurs principaux sont excellents (horribles, donc parfaits pour leur rôle) et la musique très bien choisie.

Au final, je ne dirai pas que j’aime le film (il m’a quand même laissé un poids sur l’estomac), mais je pense qu’il est très intéressant à découvrir pour ceux qui ont le courage...





mardi 26 juin 2012

Arrivederci amore, ciao



Réalisation : Michele Soavi
Scénario : Marco Colli, Franco Ferrin, Heidrun Schlee, Michele Soavi, Gino Ventriglia, d'après le roman de Massimo Carlotto
Avec : Alessio Boni, Michele Placido, Isabella Ferrari
Durée : 1h47mn
Année : 2006

L'histoire : Giorgio, un gauchiste idéaliste devenu terroriste, retourne en Italie après un exil en Amérique Centrale afin de mener une vie normale. Faisant chanter d'anciens militants, il obtient une peine de prison réduite. Une fois libéré, il sombre inexorablement dans une spirale infernale faite de violence et de crime.


Michele Soavi est un réalisateur italien peu connu du grand public car il a fait peu de films et qu’il s’est principalement illustré dans le genre horrifique. Auteur de l’excellent Dellamorte Dellamore (un classique pour les amateurs du genre), il s’illustre ici dans le film noir avec un tel brio que l’on en redemande.

Soavi est un virtuose de la caméra. Les plans sont magnifiques et les prises de vue très dynamiques en multipliant les angles et mouvements complexes. Tout ceci est nourri par de brillantes idées de mises en scène, par exemple, lorsque les souvenirs du personnage principal ressurgissent dans différentes scènes du film.

Le choix de la musique est du meilleur goût avec des classiques du rock des années 70 (Deep Purple) qui sied à merveille au monde de la nuit, tout en faisant le lien avec le passé révolutionnaire du personnage principal.

Michele Placido joue un personnage d’une noirceur terrifiante. On savait qu’il était bon derrière la caméra avec Romanzo Criminale et on peut voir ici toute l’étendue de son jeu d’acteur. On ressent clairement cette dualité extrême entre l’envie de se réhabiliter et son attirance pour l’argent facile et la violence. Nous voyons bien à plusieurs reprises dans le film qu’il n’y a pas de dilemme et que sa vraie personnalité est toujours présente de manière plus ou moins latente.

A noter que la scène finale est magistrale et, sans dévoiler l’intrigue, fait preuve d’une tension énorme et se révèle être réellement effrayante et fascinante à la fois.





L'aurore (Sunrise: A Song of Two Humans)



Réalisation : F. W. Murnau
Scénario : Carl Mayer
Avec : George O'Brien, Janet Gaynor, Margaret Livingston
Durée : 1h34mn
Année : 1927

L'histoire :
Un pêcheur s'éprend d'une citadine aux allures de vamp. Sous l'influence de celle-ci, il décide de noyer son épouse, mais change d'avis une fois sur la barque. Effrayée, la femme fuit en ville. Elle est bientôt rejointe par son mari, désireux de se faire pardonner.


Comme annoncé dans le texte introduisant le film, L'aurore raconte une histoire universelle, celle d'un homme et d'une femme. L'histoire d'un amour qui va renaître et aller au-delà de cette tentation de voir et connaître autre chose. Cette tentation est personnalisée par une femme qui vient de la ville et qui représente la curiosité de l'inconnu pour celui qui vit à la campagne. On retrouve clairement cette opposition dans la représentation de la femme : la femme rangée et idéalisée est blonde, la tentatrice "délurée" est brune, d'un côté la lumière, de l'autre les ténèbres. Cette tentation conduira l'homme quasiment jusqu'au crime. Le couple se retrouve alors à la ville, un peu comme pour affronter cette inconnue, et c'est là même qu'ils retrouveront cet amour qu'ils semblaient avoir perdu.

Les oppositions entre le jour et la nuit sont magnifiquement représentées par Murnau. Les scènes de nuit sont parfois proches d'un décor fantastique, voire d'épouvante. La photographie est superbe et on a droit à plusieurs plans avec des mouvements de caméra extrêmement maîtrisés. Comme souvent chez Murnau, il y a très peu de cartons et l'histoire reste limpide. Tout repose sur le jeu des acteurs et la caméra. On a quand même droit à quelques sons placés judicieusement (cloches et autres cris), qui accentuent ou participent au symbolisme de certaines scènes.

L'aurore reste une histoire simple, mais qui est réalisée brillamment, remplie d'émotions et qui parlera à tout le monde.





samedi 23 juin 2012

Orange mécanique (A Clockwork Orange)



Réalisation : Stanley Kubrick
Scénario : Stanley Kubrick, d'après le roman d'Anthony Burgess
Avec : Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates
Durée : 2h16mn
Année : 1971

L'histoire :
Au XXIème siècle, où règnent la violence et le sexe, Alex, jeune chef de bande, exerce avec sadisme une terreur aveugle. Après son emprisonnement, des psychanalystes l'emploient comme cobaye dans des expériences destinées à juguler la criminalité...


Orange mécanique tourne autour du personnage d'Alex qui est un individu clairement mauvais auquel la société offre une seconde "chance" en lui enlevant toute envie répréhensible au moyen d'une nouvelle méthode scientifique plutôt douteuse. Cette technique de lavage de cerveau le rendra malade à chaque fois qu'il essaiera d'agir de manière violente. Le propos du libre arbitre est d'ailleurs souligné dans le film notamment à travers la déclaration du prêtre de la prison qui dénonce ce conditionnement forcé qui enlève cette possibilité de choix qui caractérise l'Homme. Il est intéressant également de voir le personnage repasser par ses différentes victimes dans la 3ème partie du film et subir leur revanche comme s'il s'agissait d'un passage au purgatoire. Ce qui le mènera au final vers une rédemption ironique dans un dernier plan révélateur.

Le film a depuis sa sortie une réputation d’œuvre violente et malgré l'atténuation de sa représentation comparé à d'autres œuvres plus récentes, il n'a pas perdu d'intérêt sur son propos. Les choix artistiques sont osés avec l'exemple du décor hallucinant du bar où se retrouvent régulièrement Alex et ses droogies (avec les statues de femmes nues qui déversent de leur sein leur cocktail favori). Grâce à la réalisation de Kubrick, on a le droit à de nombreuses scènes qui sont depuis devenues cultes et à une alliance des images et de la musique absolument géniale comme il sait si bien le faire depuis 2001, l'odyssée de l'espace. C'est d'ailleurs au travers de la musique (Beethoven) qu'Alex retrouve toute son inspiration, ce que l'on peut constater dans une scène dérangeante où il écoute la 9ème symphonie et où le spectateur a droit à un enchainement d'images violentes de son esprit torturé.





vendredi 22 juin 2012

L'expo Tim Burton à la Cinémathèque

Le week-end dernier, je suis allé faire un tour à la Cinémathèque pour voir l'exposition Tim Burton qui se déroule du 7 mars au 5 août. C'était le samedi et évidemment la queue était assez importante. Finalement, nous ne nous en sommes pas trop mal tiré car nous avons mis une grosse 1/2 h pour arriver aux caisses.

Cette expo est en fait celle qui a été conçue par le Museum of Modern Art (le MoMA pour les intimes...) en 2009. Après être passée par New York, Melbourne, Toronto et Los Angeles, la France a eu le privilège de l'accueillir à Paris cette année.

Je dois avouer que j'ai été agréablement surpris par le contenu de cette expo. Je m'attendais à une présentation assez classique de la filmographie du réalisateur, mais bien que nous ayons eu droit à un passage en revue de son œuvre cinématographique, le plus intéressant est la quantité faramineuse de peintures, dessins et sculptures pour la plupart inédits ou méconnus. Toute sa carrière est passée en revue avec tous les aspects artistiques qu'il a pu explorer.

On peut y voir un ensemble de photographies qu'il a faites dans les années 90 (Blue Girl), des sculptures qu'il a réalisé spécialement pour l'exposition à New York, des dessins et moulages des personnages qu'il avait créés pour son recueil La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires, des courts-métrages de jeunesse jusque là invisibles du public... A côté de toutes ses raretés, nous pouvons suivre la carrière cinématographique complète du réalisateur au travers de différents croquis, storyboards, accessoires et costumes (mention spéciale pour la tenue d'Edward qui est impressionnant de détails dans sa conception). Tout est passé en revue de ses débuts chez Disney jusqu'à son prochain film d'animation Frankenweenie prévu cet automne. Je vous laisse découvrir comment Burton avait imaginé Taram et le chaudron magique à l'époque : on est loin de la vision classique des studios de Mickey...

L'exposition se déroule sur un seul étage de la Cinémathèque, mais le nombre conséquent d’œuvres présentes fait que vous y passerez forcément plusieurs heures. A recommander aussi bien aux fans qu'aux curieux.

Pour info, si vous y allez le week-end, sachez que des billets coupe-file sont disponibles sur les sites de la Cinémathèque et de la Fnac. Suivez le liens ci-dessous qui vous permettra de faire le plein d'infos :

http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/printemps-2012-tim-burto/