mardi 20 novembre 2012

Nouvelle cuisine (餃子)



Réalisation : Fruit Chan
Scénario : Pik Wah Li
Avec : Pauline Lau, Tony Leung Ka Fai et Bai Ling
Durée : 1h31mn
Année : 2004

L'histoire : 
Ching Lee, une ancienne star approchant la quarantaine, est décidée à retrouver sa beauté d'antan pour reconquérir son infidèle mari. Elle s'adresse alors à Mei, une cuisinière charismatique qui a pour spécialité les jiaozi, raviolis à la vapeur typiques de la cuisine chinoise. Vendus à prix d'or, les jiaozi de Mei, à l'étrange éclat rosâtre, sont réputés pour leurs vertus rajeunissantes.
Ching, prête à tout pour retrouver sa jeunesse, ne se soucie guère de connaître les ingrédients de la recette secrète de Mei. Quitte à en payer le prix fort plus tard...


Nouvelle cuisine est en fait la version longue d'un court-métrage sorti dans la trilogie horrifique 3 extrêmes. Vue la qualité de ce segment, il méritait amplement d'être présenté sous cette nouvelle forme. Le réalisateur a décidé dans son récit de représenter l'horreur dans une réalité actuelle : besoin de rester jeune, avortements illégaux, ...

L'histoire montre à quel point certaines personnes sont prêtes à aller très loin pour conserver une illusion du bonheur. Le réalisateur joue beaucoup sur le symbolisme aussi bien dans les couleurs que dans les formes, et il profite de son scénario pour lancer une critique cynique et peu reluisante de la société actuelle.

La photographie du film est signée Christopher Doyle, le plus asiatique des directeurs photo australiens. Il doit principalement sa renommée pour avoir été le collaborateur de Wong Kar Wai sur la quasi-totalité de ses films. Il apporte une sensualité dans le choix couleurs, qui laisse transparaitre la chaleur et l'humidité du sud-est asiatique. Pour ceux qui le connaissent, ce n'est pas un secret, le vert est la couleur de prédilection de Doyle (jetez un œil à l'appartement de Mei, entre autre). Et il est vrai que c'est la couleur qui retranscrit le mieux cette moiteur et cette sensualité.

Ceci est également renforcé par la réalisation de Fruit Chan qui mêle brillamment nourriture et sexe, dans une représentation qui oscille régulièrement entre le sensuel et l'horreur (on dirait du Cronenberg...). La bande-son joue beaucoup là-dessus avec les bruits volontairement mis en avant (voire exagérés) des scènes de "dégustations" de jiaozi et celles de sexe. Les plans de préparation des raviolis sont tournés au plus près et réussissent à mettre mal à l'aise en n'en montrant finalement pas tant que ça (mais quand un peu, âmes sensibles s'abstenir).

Pour revenir sur le son, la musique est excellente, souvent dominée par du violoncelle qui rend toujours aussi bien le sentiment oppressant. Elle alterne avec des bruits qui nous donnent une impression expérimentale qui participe bien à l'ambiance dérangeante de l’œuvre.





dimanche 11 novembre 2012

Frankenweenie



Réalisation : Tim Burton
Scénario : John August
Avec : Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau
Durée : 1h27mn
Année : 2012

L'histoire :
Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences…


Tim Burton est de retour avec son 3ème long-métrage d'animation. Et quel film !

Pour la petite histoire, Frankenweenie est le remake d'un court-métrage de Burton datant de 1984. Le film de l'époque avait été réalisé avec de vrais acteur (Barret Oliver dans le rôle titre. Vous savez, le gamin de l'Histoire sans fin...). Le passage à l'animation image-par-image lui permet de revenir à nouveau à une technique qu'il chérit, tout en approfondissant le sujet qu'il avait effleuré à l'époque.

Ici, le maître-mot est hommage. Hommage principalement au cinéma d'horreur des années 30 avec en tête évidemment Frankenstein et sa suite La fiancée de Frankenstein (magnifique Edgar, référence à Igor le bossu ; la chienne Perséphone qui reprend la coiffure de la Fiancée). On notera également un clin d'oeil à Christopher Lee et aux films de la Hammer avec un petit extrait du Cauchemar de Dracula.

Au-delà des personnages, la réalisation et la photographie en noir et blanc (pouvait-il en être autrement ?) reprenne merveilleusement l'ambiance de ces classiques de l'horreur. Le cimetière des animaux, le moulin à vent, le "laboratoire" de Victor sont autant de décor somptueux qui ravissent la rétine des amateurs.

Ce film représente la quintessence de l'univers de Tim. Il réunit tant de sujets chers au réalisateur : l'animation image-par-image, le cinéma d'horreur classique, le dessin des personnages (la fille bizarre au chat qui est en fait une reprise de la Staring Girl de son recueil de poèmes La triste fin du petit enfant huître et autres histoires), ...

Peut-on apprécier le film pleinement si l'on est pas fan du grand Tim ? Difficile à dire, vu que je le suis... Mais en même temps, on peut en dire autant d'un grande partie de sa filmographie. Pour moi, c'est du tout bon ! Et clairement à classer parmi ses meilleures œuvres.