jeudi 27 février 2014

Only Lovers Left Alive


Réalisation : Jim Jarmusch
Scénario : Jim Jarmusch
Avec : Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska
Durée : 2h03mn
Année : 2013

L'histoire :
Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?


Ça faisait 4 ans qu'on n'avait pas revu Jim Jarmusch derrière la caméra avec The Limits of Control. C'était donc avec une grande impatience que j'attendais sa nouvelle œuvre, d'autant que redécouvrir le mythe vampirique à la sauce Jarmusch était vraiment alléchant. Et là, autant le dire tout de suite, je suis conquis.

Le couple Tilda Swinton / Tom Hiddleston fonctionne à merveille, elle avec sa beauté envoûtante et parfois quasi-fantômatique, lui dans son rôle d'artiste maudit qui dévoile au grand jour ses talents d'acteur (surtout après l'avoir vu dans une série de blockbusters insipides...).

Ces Adam et Eve modernes ont traversé les siècles pour arriver dans un monde de "zombies" tels qu'Adam les qualifie, d'où le spleen de celui-ci de vivre dans une époque où la créativité et le génie n'ont plus de place face à la normalisation de la pensée. Ici, les morts-vivants ne sont pas ceux qu'on croît, d'où le titre qui les présentent comme les "derniers amants encore en vie".

Ils sont entourés de seconds rôles savoureux comme toujours chez Jarmusch avec en tête John Hurt et Mia Wasikowska. Cette dernière fait figure de serpent dans le jardin d'Eden en venant perturbant l'idylle de notre couple.

Le réalisateur, grand amateur d'art sous toutes ses formes, s'en donne à cœur joie et particulièrement sur la musique, très chère au cinéma de Jarmusch : les plans en spirale du début en fondu enchainé sur les vinyles qui tournent, les discussions passionnées sur les guitares et l'apparition salutaire de la chanteuse Yasmine, la musique est plus que jamais au centre de cette œuvre (Jim interprète d'ailleurs un morceau de la BO).

Cette traversée nocturne lancinante ne donne qu'une seule envie : se laisser enivrer et emporter dans les images magnifiques de Jarmusch dont les ralentis se mêlant très judicieusement à la musique me rappellent Wong Kar Wai.

Rien que d'en parler, ça me donne envie de le revoir. Un bonheur...