samedi 27 juillet 2013

Enter the Void




Réalisation : Gaspard Noé
Scénario : Gaspar Noé
Avec : Paz de la Huerta, Nathaniel Brown, Cyril Roy
Durée : 2h41mn
Année : 2009

L'histoire :
Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelström hallucinatoire.


Gaspar Noé a toujours aimé les expérimentations en termes de réalisation et particulièrement les cadrages et mouvements de caméra tarabiscotés. Il suffit de se remémorer par exemple la scène d'introduction d'Irréversible pour comprendre de quoi je parle. Il a donc ici un sujet en or pour faire virevolter sa caméra à sa guise et se détacher de toute limite physique.

Taxé un peu rapidement par certains de "cinéaste de la provoc'", il serait ridicule de le définir aussi simplement. Il aime les sujets complexes, qui prêtent à réfléchir et qui en général dérangent. Ici, point de scène ultra-violente pour faire parler les mauvaises langues (malgré une scène choc assez difficile que je vous laisserai découvrir). Il est question de voyage spirituel, de questionnement de la personne sur son passé, d'observation du présent.

Le cheminement du personnage principal suit en fait les principes décrits dans le Livre des Morts tibétain, livre qui lui est présenté par son ami au début du film. On est complètement fasciné par ce voyage, véritable trip hallucinatoire, mais pas seulement. La découverte du passé d'Oscar, sa relation fusionnelle avec sa sœur donnent lieu à des moments d'une douceur extrême, émouvants et poétiques. Linda est évidemment le fil conducteur de l'histoire qui guide Oscar dans son voyage initiatique, jusqu'au dénouement d'une logique totale.

Comme je le disais précédemment, la réalisation est très inventive, pleine de plans virtuoses. Une fois l'esprit lâché, la caméra prend des envolées à travers les rues de Tokyo et alterne avec les souvenirs d'Oscar. Les scènes se passant à travers ses yeux sont incroyablement réalistes de part le sens du détail de Gaspar Noé pour retranscrire les sensations visuelles et sonores de son personnage. Le générique d'introduction, véritable coup de poing électro met tout de suite le spectateur dans une ambiance ultra nerveuse avec ses titrages hallucinants de toute beauté.

Que l'on aime ou pas Noé, on est obligé de reconnaitre qu'il est l'un des cinéastes actuels les plus intéressants et Enter the Void est sans doute son film le plus abouti jusqu'à maintenant. Laissez-vous tenter par ce voyage...